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La tension monte, puis redescend au blocage forestier à Mistassini

17 août, 2023  par Guillaume Roy. Initiative de journalisme local



Les chefs forestiers du secteur Mistassini ont immobilisé deux fardiers transportant des camions à sable, déçus de voir les forestiers contourner leur blocage. Ce n’est qu’après plusieurs heures de négociation et l’intervention de responsables de Produits forestiers Résolu (PFR) que les fardiers ont pu reprendre leur chemin.

Sur l’heure du midi mercredi, deux fardiers tirant de la machinerie lourde se pointent au loin sur la route de la Domtar, au nord de Dolbeau-Mistassini. En provenance du nord, ils descendent deux camions à sable de six roues vers un autre chantier, en passant par Dolbeau-Mistassini.

Les chauffeurs ralentissent en apercevant le barrage fait par des chefs de territoires innus. L’un d’eux, Alex Grenier, va à leur rencontre, torse nu, avec une pancarte signalant « lentement » dans ses mains, suivi de Denyse Xavier.

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« Vous ne pouvez pas sortir, ils restent là », lance cette dernière au chauffeur, en faisant référence aux machines. « On ne jouera plus au chat et à la souris, vous allez rester là », ajoute Alex Grenier. Vous pouvez laisser les trailers sur place et partir avec les fardiers ».

Deux fardiers ont été immobilisés pendant plusieurs heures mercredi.

Les conducteurs, qui souhaitent demeurer anonymes, arrêtent alors leur machine. « On se sent pris au piège », dira l’un d’eux. « On ne travaille même pas pour une compagnie forestière, on est juste des chauffeurs », ajoute l’autre.

Bien conscients que le blocage cause des problèmes à plusieurs personnes qui n’ont pas de pouvoir décisionnel sur la situation, les instigateurs du barrage veulent mettre leur pied à terre, car ils sont tannés de voir les machines de Produits forestiers Résolu contourner le blocage, d’abord érigé par le Collectif Mashk Assi le 31 juillet, puis repris par Denise Xavier depuis le 1er août.

Devant l’impasse, deux agents de liaison autochtones, faisant partie de la Sûreté du Québec (SQ), sont intervenus, alors que deux autres agents de la SQ surveillaient aussi les lieux. « Faire un blocage, c’est une affaire, mais si tu les prends en otage ici, ce n’est plus la même », a soutenu un des agents de liaison, tentant d’éviter les débordements. En séquestrant les machines, les bloqueurs commettraient un acte criminel, qui leur causerait des problèmes, ont averti ces derniers.


Les agents de liaison autochtone de la Sûreté du Québec ont expliqué les risques liés à la séquestration des machines.

Au départ, Alex Grenier parlait de bloquer les camions pour un instant, mais après consultation avec Denyse Xavier, cette dernière a dit qu’elle était prête à prendre le blâme et la contravention qui venait avec, le cas échéant.

« On bloque tant et aussi longtemps que les ministres qui négocient avec notre conseil de bande ne viennent pas nous voir », a mentionné Denyse Xavier. Cette dernière souhaite reprendre le contrôle sur son territoire et négocier directement la gestion des ressources naturelles avec Québec, au lieu de voir le conseil de bande le négocier à sa place.

Pour trouver une solution, les Innus ont envisagé de déménager le barrage plus bas sur le chemin de la Domtar, à un lieu plus stratégique, car ils savent très bien que les forestiers peuvent contourner leur blocus.

Alex Grenier, Denyse Xavier et Akim Grenier monte la garde.

Mais ils se sont ravisés, du moins pour l’instant, car au cours de la journée, après le passage du Quotidien, des représentants de Produits forestiers Résolu se sont présentés sur les lieux du barrage et ils ont réussi à trouver un terrain d’entente avec les chefs de territoire. Les deux fardiers ont donc pu reprendre leur chemin.

Le transport de bois est demeuré paralysé dans le secteur et il sera difficile de passer les barricades pour tous les types de transport liés au secteur forestier. La récolte de bois se poursuit toutefois avec les machines déjà sur place.

Sur le site de l’autre barrage, à Girardville, Diane Blacksmith a pour sa part paraphé une entente avec PFR lundi dernier, pour permettre le transport de bois jusqu’à vendredi. D’autres négociations auront lieu pour voir si l’entente se poursuivra la semaine prochaine.


Un blocus pas toujours étanche

Le blocus de Mistassini n’est pas toujours étanche, notamment car il n’y a parfois personne pour y monter la garde. Certains jours, Denyse Xavier a dû le quitter pour aller travailler, mais elle a maintenant délaissé son emploi pour se consacrer à plein temps au barrage, assure-t-elle.

Mercredi matin, personne n’était présent au barrage lorsque les camionneurs au volant des fardiers sont passés pour aller chercher des machines dans le bois. « On s’est levé tard ce matin », admet Akim Grenier, un des trois Innus présents au barrage avec son frère Alex et Denyse Xavier.

Alors que le territoire familial de Denyse Xavier se trouve là où est érigé le barrage jusqu’au lac aux Foins, celui de la famille Cleary, à laquelle appartiennent Akim et Alex Grenier, se trouve plus haut à partir du km 180 sur le chemin de la Domtar, jusqu’au 52e parallèle.

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